Les concepts clés du bouddhisme


Le samsâra

Ce terme désigne le cycle infini des renaissances. Les hommes naissent, meurent et renaissent sans cesse dans un cycle infini : le samsâra.
Enchaîné au samsâra, auquel il ne peut s'échapper, l'homme souffre en vain. C'est assis sous l'arbre de l'éveil que Bouddha se remémora ses vies antérieures et qu'il pris conscience du samsâra. L'objectif même du bouddhisme étant la cessation de la souffrance, la pratique doit mener à un état de cessation de cette souffrance universelle, le nibbana. C'est uniquement lorsque l'on a atteint le nibbanaque l'on peut se libérer du samsâra.
La condition dans laquelle on renaît dépend de nos vies passées et de nos actes présents, avec le phénomène du karma.

Le kamma (karma en sanskrit)

C'est une loi de cause a effet, qui est à l'origine du samsâra. Cela signifie que les actions passées (causes) déterminent les vies futures (effet sur la condition de renaissance). Ce sont nos actes qui déterminent notre condition à venir, d'où la nécessité d'une conduite morale pure pour avoir un bon kamma et renaître dans une condition supérieure ou atteindre le nibbana, si l'on s'est dépouillé de tout mauvais kamma. Le Bouddha explique le karma à ses disciples ainsi : "C'est la volition, ô bhikkhus, que j'appelle kamma. Ayant voulu, on agit au moyen du corps, de la parole et de l'organe mental." Les actions étant en effet dues à l'activité mentale volitionnelle. Ce sont toutes les actions volitionnelles (qui émergent de la volonté ou volition) qui ont une influence karmique. 

Il n'y a donc pas de fatalité. L'homme possède un libre arbitre sur son destin, qu'il construit tous les jours par ses actes bons ou mauvais, selon sa volition. Ainsi l'on peut espérer avoir une meilleure condition dans ses vies futures en accomplissant de bonnes actions et en s'évitant tout mauvais kamma. Cette loi de cause à effet montre que l'homme est libre de son devenir et que ses actions déterminent son avenir. Il n'y a donc ni destin, ni instance supérieure qui ne contrôle notre vie et notre devenir. Ce sont nos propres actions, effectuées par notre propre volonté qui conditionne notre avenir et nos renaissances. Cependant, une mauvaise interprétation du concept karmique consiste à utiliser comme excuse aux événements présents non souhaités le résultat de mauvaises actions passées et d'un mauvais kamma.

Le nibbana (nirvana en sanskrit)

C'est l'état de Bouddha, le but fondamental du Bouddhisme. Il est possible d'atteindre le nibbana. Il ne s'agit pas de s'isoler du monde mais d'éviter la souffrance en utilisant la connaissance des causes de celle-ci. C'est une connaissance de soi et de ses facteurs perturbateurs qu'il faut effectuer. Il faut connaître les causes de la souffrance pour pouvoir s'en libérer et atteindre l'état de cessation des attachements, des désirs et de libération.

Les êtres qui ont atteint le nibbana sont appelés des bouddha, ils ont éliminé tout mauvais kamma et ont donc obtenu l'Illumination qui mène au nibbana. Lorsqu'un Bouddha meurt, il reste en état de nibbanaet ne renaît plus. Il s'est libéré du cycle infini des naissances et des renaissances dans lesquels les êtres sont plongés : le samsara. On parle aussi d'éveil, terme qui est plus compréhensible qu'Illumination. Il s'agit en fait de devenir un Bouddha : un " être éveillé ".

Il ne faut pas confondre le nibbana et le paradis céleste des chrétiens, le nirvana est un état mental que l'on atteint une fois nos souffrances éliminées et tout désir anéanti. Ce n'est pas un lieu où l'on va après la mort. C'est un état d'esprit (ou psychique) paisible, de pacification de l'esprit, de grande équanimité, dans lequel on reste une fois l'Illumination atteinte ou l'éveil atteint. L'entrée en nibbana marque la sortie définitive du monde cyclique du samsara et des renaissances infinies.

 

L'impermanence, anicca

Le principe d'impermanence nous montre que rien n'est immuable ou éternel, que chaque chose tend à disparaître ou à changer, c'est l'impermanence de toute chose (ou phénomène). On distingue l'impermanence grossière et subtile. Chaque phénomène n'est que transitoire et ne dure ou ne perdure pas. Il n'y a de constant que le changement. Les êtres sont constitués des
cinq agrégats
en perpétuel changement, c'est l'impermanence subtile. Les êtres naissent puis finissent par mourir dans la souffrance de la vieillesse, après avoir connu diverses souffrances physiques et morales tout au long de leur vie, cela fait parti de l'impermanence grossière. L'impermanence est un concept qui est valable pour toute chose (ou phénomène) de ce monde qui finit par s'user, se détériorer et disparaître. Etant donné l'interdépendance, c'est à dire que tous les phénomènes interagissent, ils ne peuvent rester identiques. Quelque soit l'échelle de temps d'observation ou la dimension d'observation, chaque chose est en constante mutation et en perpétuel changement. Rien ne dure ni ne perdure en ce monde.

L'impermanence implique la souffrance car étant donné l'impermanence de toute chose, l'attachement à toute chose de ce monde est une cause de souffrance à venir. Cette chose tendant à disparaître ou à changer. De même pour tous les désirs qui mènent inévitablement à l'insatisfaction, les choses ne pouvant pas toujours être dans l'état ou la forme qu'on le souhaiterai ou rester telles qu'on le désirerai. L'ignorance de l'impermanence est une cause de la souffrance. 

Cependant, l'impermanence est une chance et non pas une fatalité. En effet, c'est parce que le changement existe que l'on peut changer! Et que l'on peut se libérer de la souffrance et devenir meilleur en suivant les enseignements du Bouddha. Comme l'explique Thich Nhat Hanh, moine zen vietnamien vivant actuellement en France, "Grâce à l'impermanence, tout est possible. La vie elle-même est possible. Si un grain de blé n'était pas impermanent, il ne pourrait se transformer en tige de blé. Et si la tige de blé n'était pas impermanente, elle ne pourrait jamais produire l'épi de blé que nous mangeons.

Le non-soi, anattâ

Cette notion concerne l'idée que l'on a d'un "soi", d'un "moi" ou d'un "je", ou d'un être en tant que "principe éternel", ce qui est totalement illusoire et fait partie de notre vérité relative (ce que l'on perçoit des phénomènes) et non de la vérité absolue (la nature ultime des phénomènes). 

Etant donné l'impermanence de tout chose, le bouddhisme considère qu'un principe éternel de l'être n'existe pas. Rien ne dure ni ne perdure, tout est transitoire. Il n'y a donc pas de principe de "soi" qui puisse durer, qui existe dans une continuité ou qui puisse se maintenir constant dans le temps ou dans l'espace. Le "moi" est une illusion créée par notre conscience, qui conduit à une appropriation à soi-même de différentes choses comme des biens, des personnes ou des idées, sous forme d'attachement ou de possession matérielle. Or ces choses étant elles même en changement constant et soumises à l'impermanence de toute chose, elles ne durent pas et sont donc sources de souffrance pour qui pense les posséder.

Selon le principe des cinq agrégats qui constituent tous les êtres, il n'y a pas non plus lieu de croire à un concept de "soi", l'être n'étant qu'une combinaison des cinq agrégats en perpétuels changements et mutations (impermanence), et n'ayant pas d'existence propre (vacuité). Il n'y a donc pas d'égo, pas de permanence du "soi" existant. 

Chandrakirti l'explique ainsi : "En premier lieu, nous concevons le "moi", et nous nous attachons à l'égo. Puis nous concevons le "mien", et nous nous attachons au monde matériel."

L'interdépendance

Cet enseignement montre l'interdépendance de toutes les choses (phénomènes) de ce monde. Chaque phénomène est le résultat de causes infinies et provoque des conséquences qui seront les causes d'autres phénomènes et ainsi de suite. On ne peut trouver de cause "pure" ou unique à un phénomène, chaque phénomène est le résultat de multiples causes et ne se produit que lorsque toutes ces causes sont réunies. L'interdépendance montre que toutes les choses ou phénomènes de ce monde sont liés entre eux et donc interdépendants. Il n'existe rien en ce monde qui soit indépendant de tout le reste, qui n'ai aucune cause, ou qui ne provoque aucune conséquence. Ce qui exclu par ailleurs tout principe créateur. 

On ne parle pas de création des phénomènes, mais de leur "manifestation", comme par exemple la flamme qui se manifeste lorsque l'on brûle une allumette. La flamme n'est pas créée de rien, elle n'est pas non plus l'allumette, mais elle se manifeste car les conditions pour qu'elle puisse se manifester sont réunies. Si on enlève une de ces conditions, comme par exemple en la recouvrant, la flamme disparaît. En effet, elle n'a plus d'oxygène, qui est une cause nécessaire à sa manifestation. 

La chaîne de production des douze maillons montre comment l'ignorance est une cause de la souffrance. Les douze maillons sont l'ignorance, l'action (qui entraîne des conséquences karmiques), la conscience, le nom et la forme (phénomènes mentaux), les sens, le contact (sensoriel et mental), la sensation, le désir, l'attachement, l'existence, la naissance, et les douleurs (la souffrance dukkha).

Cela montre que toutes les choses sont intimement liées entre elles. En partant de notre ignorance, nous effectuons des actions ayant un impact sur notre karma, puis nous conditionnons ainsi notre conscience, qui conditionne nos phénomènes mentaux, qui eux-mêmes conditionnent nos sens qui façonnent notre contact avec le monde, ce qui conditionne nos sensations qui conditionnent notre désir, qui lui-même donne naissance à notre attachement aux choses, et qui conditionne notre existence et par suite qui conditionne notre devenir (renaissance) et nous mène à la souffrance.

Chaque maillon, pris à n'importe quel endroit de la chaîne conditionne le suivant et résulte du précédent. C'est une relation de cause à effet de manière cyclique, il n'y a pas de fin a cette chaîne.

La vacuité

Ce concept est aussi lié aux précédents. Le concept de vacuité montre l'absence d'existence permanente et autonome de toute chose (ou phénomène) de ce monde. Il n'existe pas de "réalité" intrinsèque des phénomènes. Cependant cela ne signifie pas qu'ils sont vides de toute chose, simplement que les phénomènes sont tous interdépendants et impermanents et que par conséquence ils n'ont pas d'existence propre, ils sont dénués d'existence intrinsèque. Ce concept est assez difficile à comprendre et parfois mal interprété. Il correspond à la "vérité absolue", qui permet de déterminer la véritable nature des choses, en opposition à la "vérité relative", notre perception du monde des phénomènes, qui est illusoire et qui nous fait penser que les choses ont une existence propre, un "soi". Comme l'affirme un verset tibétain : "La vacuité n'est pas une absence de fonctionnalité, mais l'absence de réalité, d'existence absolue." La vacuité n'est en aucun cas le néant.

 

Les trois Corbeilles

L'enseignement du Bouddha est réparti en trois corbeilles : celle des discours, celle de la discipline et celle de la connaissance.

La Corbeille des Discours : Sutta Pitaka  

Elle définit de façon claire les concepts de base : les cinq agrégats, la production conditionnée, les Quatre Nobles Vérités, etc. Elle comprend en fait la partie théorique de la doctrine bouddhique et contient les antidotes pour lutter contres les facteurs perturbateurs de l'esprit. Elle comprend les sutra qui sont des textes qui traitent des discours et sermons du Bouddha.

La Corbeille de la Discipline : Vinaya Pitaka  

Elle interdit de s'impliquer dans des actions proscrites (inconduite morale, sexuelle, l'attachement). Elle permet ainsi d'éviter les facteurs perturbateurs de l'esprit. Cependant ce n'est pas une restriction aveugle et idiote, en effet si l'on parvient à réduire la force de l'attachement aux choses, on peut utiliser des objets matériels tels de beaux vêtements, etc., voire vivre avec un minimum de confort. En revanche celui qui même sans aucun confort est soumis à un certain attachement aura effectué une faute proscrite par Bouddha. C'est ainsi qu'on évite de tomber dans les extrêmes (luxure totale, ascétisme total). Cette restriction ou permission a pour unique but de diminuer les facteurs perturbateurs tels l'attachement ou le désir.

La Corbeille de la Connaissance : Abhidhamma Pitaka

Elle explique clairement les caractéristiques des phénomènes comme l'impermanence, la souffrance, le désir ou l'absence d'existence du soi. Ainsi écouter et appliquer les enseignements permettra de corriger les idées et vues fausses et la conception erronée de son propre point de vue. Cela en vue de lutter contre la croyance en la supériorité de son propre point de vue et contre l'ignorance, qui est source de souffrance.

Les trois Joyaux

Ce sont le Bouddha, le Dhamma et le Sangha. Le Bouddha est celui qui à apporté la voie à suivre pour atteindre l'éveil, le Dharma est la loi bouddhique (les enseignements du Bouddha) et la Sangha est la communauté bouddhique. Pour atteindre l'éveil il faut prendre refuge dans les trois joyaux du bouddhisme.

Un bodhisattva

Un bodhisattva est un l'idéal du Mahayana. C'est un être qui par compassion, refuse de quitter le cycle des renaissances afin de rester parmi les êtres dans l'unique but de les aider à surmonter leurs souffrances et à atteindre l'Eveil. Une citation de Shantideva, auteur du "Guide du mode de vie du Bodhisattva" résume bien l'aspiration du bodhisattva à aider tous les êtres : "Aussi longtemps que les êtres vivront, aussi longtemps que l'espace perdurera, je resterai afin de servir et d'apporter ma modeste contribution au bien-être d'autrui."