Le
Bouddha
-Le
Bouddha historique-
Le
contexte Indien au temps de Siddartha Gautama
A l'époque de la naissance
de Bouddha, l'Inde est dominée par la religion brahmanique et ses prêtres qui
sont les brahmanes. Le brahmanisme avait pénétré dans le continent Indien vers
1500 av. J.C., introduit par un peuple nomade venu d’une région recouvrant
actuellement l’est de la Turquie, le sud de la Russie et le nord de l’Iran :
les Aryens. Cette religion repose sur des hymnes et enseignements (oraux) sacrés
appelés Véda. Les brahmanes adoraient trente-trois dieux
(les deva) dont l’influence portait sur la nature, le
cosmos et la vie humaine. Afin d’obtenir des bienfaits tels qu’une
bonne santé, l’accroissement du bétail et l’immortalité, la pratique
consistait en des louanges chantées aux deva : les mantra.
La formulation des mantra avait aussi pour but de faire appel
à un pouvoir sacré, le Brahman, de sorte que les deva
maintiennent l’ordre dans le cosmos et accordent l’objet des demandes.
Des offrandes et des sacrifices d’animaux lors de rituels étaient aussi
coutume. La société était fondée sur une hiérarchie de quatre classes, ordonnée
par les dieux dont les prêtres étaient au sommet. Cette organisation deviendra
le système des castes dans l’hindouisme. Les trois autres classes sont
les chefs guerriers et les rois (ksatrya), les paysans et éleveurs
(vaisya) et les serviteurs (sudra). Les êtres
n'appartenant à aucune caste sont considérés comme impurs. Les brahmanes pratiquaient
des techniques yogiques de méditation, le jeûne, la chasteté et l’ascétisme.
Ces techniques représentaient des préparations spirituelles à l’accomplissement
du sacrifice. Des enseignements des ascètes les plus orthodoxe retirés dans
la forêt apparurent les Upanishad, des textes sacrés. A l’époque
du Bouddha, la plupart des brahmanes cherchaient à atteindre le ciel du dieu
créateur Brahma grâce à la sincérité, l’étude des véda
et les sacrifices ou l’ascèse. Cependant certains de ces hommes étaient
tout de même arrogants, riches et vivaient de sacrifices onéreux, spectaculaires
et sanglants souvent payés par les rois.
Se trouvaient aussi à
cette époque les samana, des philosophes errants qui rejetaient
la tradition védique et menaient une vie détachée de tout lien familial, vivants
de l’aumône. Afin de se consacrer à la réflexion, à l’analyse et
aux débats. Un des groupes les plus importants représentait le Jaïnisme. Cette
religion va à l'encontre des castes et se fonde sur l'ascétisme extrême et le
respect de toute forme de vie, considérant que toute chose est vivante, contenant
un « principe vital ». Le but du jaïnisme est de se libérer de la
ronde des renaissances en délivrant le principe vital de son karma.
Les moyens d’y parvenir sont d’épuiser les résultats du karma
passé par des ascèses telles que le jeûne ou renoncer à se laver, le rasage
des cheveux lors de l’ordination, la non-violence totale, le végétarisme
et la modération des plaisirs. Certains samana beaucoup plus
extrêmes dans la pratique s’infligeaient des blessures corporelles marquantes.
Le karma
est une loi de cause à effet. Cela signifie que les actions passées (causes)
déterminent les vies futures (effet sur la condition de renaissance). Ce sont
nos actes qui déterminent notre condition à venir, d'où la nécessité d'une conduite
morale pour avoir un bon karma et renaître dans une condition
supérieure, si l'on s'est dépouillé de tout mauvais karma.
La
vie de Siddartha avant son éveil
Siddartha
Gautama est né en 556 av J.C. à Lumbini, près de Kapilavastu. Kapilavastu est
une ville du versant Indien de l'Himalaya (Sud du Népal actuel, 190km à
l'Ouest de Katmandou) et capitale du royaume de Kosala dont le dirigeant n'est
autre que son père, le roi Suddhodana. Siddartha appartient à la tribu des
Sakyas d'où une des appellations qu’il aura plus tard : Sakyamuni (le
sage des Sakya). La mère de Siddartha, Mayadevi, est morte sept jours après
lui avoir donné naissance sous un arbre, élément que l’on retrouve à
chaque événement important de la vie de Siddartha. Les sutra
racontent que le bébé fut déposé sur le sol par quatre deva, tandis qu’une libation d’eau fraîche coulait du ciel pour
baigner la mère et l’enfant.
Siddartha
fut élevé par sa tante, il était destiné à la succession de son père, et
il faisait preuve d'une grande érudition. Marié à seize ans à sa
cousine la princesse Yasodhara dont il obtient la main en remportant un concours
de tir à l'arc, il vit une vie de plaisirs. Il est cloîtré par son père dans
la luxure de son palais : de splendides habits, des parfums raffinés, de
belles musiciennes à son service.
Un
jour lui vient l'envie de connaître la réalité du monde extérieur de son
palais. Son serviteur l’emmenera en ville par deux fois. C'est ainsi qu'il se
promène dans les rues de Kapilavastu et y fait les quatre rencontres
historiques ou les « quatre spectacles » qui lui montreront la
cruelle réalité de ce monde.
Il
aperçoit un vieillard au corps rabougri qui a du mal à se porter, et découvre
ainsi la vieillesse. Puis il découvre la maladie à la vue d'un lépreux
souffrant, et la plus choquante est la rencontre d'un homme qui semble dormir
mais qui est en fait un cadavre que l'on conduit au bûcher. Ces trois
rencontres ont profondément choqué le jeune Siddartha. Attristé par ses découvertes,
il décide de rentrer au palais et c'est là qu'il croise un moine mendiant au
regard souriant et paisible, il vient de comprendre qu'il y a un moyen de
vaincre la souffrance et sa quête de la vérité allait bientôt commencer...
A
l’âge de vingt-neuf ans, Siddartha met fin à sa vie de luxure, quitte sa
femme, son fils Rahula qui vient de naître et son palais pour la forêt,
habillé d'un simple vêtement. On dit qu'il laissa les siens afin d’aider de
tous les êtres.
Siddartha
rechercha des maîtres pour apprendre les techniques spirituelles. Il commença
par apprendre, puis par maîtriser les enseignements de la « sphère du néant »,
une extase mystique atteinte par la concentration yogique dans laquelle
l’esprit transcende tout objet des sens et demeure dans la pensée du néant.
Maîtrisant vite cette technique, le maître Alara lui proposa de partager avec
lui la direction de ses disciples, mais Siddartha refusa car il n’avait pas
pour autant atteint l’Illumination. Ensuite, par le maître de yoga Uddaka, il
apprit la méditation de la sphère de « ni cognition, ni non-cognition »,
qui est un état supérieur au précédent, dans lequel la conscience est si
subtile qu’elle est presque inexistante. Ces deux états feront plus tard
partie de son système de méditation, utilisés comme moyens de calmer
l’esprit et de le purifier. N’ayant toujours pas trouvé l’Illumination,
Siddartha Gautama s’engage alors sur une nouvelle voie : la mortification
ascétique. Il pratiqua alors des rétentions de souffle, réduisit sa
nourriture à quelques gouttes de soupe aux haricots par jour, jusqu’à n’en
plus tenir debout. C’est alors qu’il compris que cette voie ascétique n’était
pas la bonne, car bien qu’il ai pu développer la clarté d’esprit, son
corps était douloureux, son esprit sans sérénité et ces obstacles l’empêchaient
de poursuivre sa quête. Cet ascétisme extrême aurait duré six années.
Lorsqu’il prit des aliments nourrissants pour se préparer à poursuivre sa quête,
ses cinq compagnons ascètes en conclurent qu’il avait abandonné la quête
spirituelle et se détournèrent de lui avec mépris.
L'Illumination
de Siddartha qui va devenir un Bouddha
C’est
plus tard, qu’assis sous un arbre près de Bodh Gaya, Siddartha entra en
contemplation dans la position du lotus. Il entra alors dans de profonds états
de méditation, préludes à l’Illumination. Les sutra
décrivent qu’il approfondi son absorption dans un calme concentré jusqu’à
un état de grande équanimité, de clarté mentale et de pureté, à partir
duquel il développa la « triple connaissance » : la mémoire
de ses vies antérieures, la vision de la renaissance des autres selon leur karma et la destruction des impuretés qui polluent l’esprit et
empêchent l’Illumination. La troisième connaissance fut atteinte à
l’aube, et Siddartha aboutit alors à l’Illumination parfaite et il devint
alors un Bouddha. L’arbre sous lequel il réalisa l’Illumination sera appelé
l’arbre de la bodhi (l’arbre de
l’Illumination).
Après
avoir médité sur son Illumination, Bouddha examina la possibilité
d’enseigner aux autres car ce qu’il avait réalisé était si subtil et
profond que les hommes, trop dominés par l’attachement seraient incapables de
le comprendre. Finalement, décidant d’enseigner, le Bouddha déclara :
« Les portes de l’Eternel sont ouvertes à tous ceux qui veulent
entendre. » Bouddha voulut d’abord instruire ses deux maîtres de yoga,
mais ils étaient morts, il décida alors d’instruire ses anciens compagnons
d’ascétisme. Il les retrouva dans un parc aux animaux, non loin de Bénarès.
La
première prédication du Bouddha : le sermon de Bénarès
En
le voyant venir, ses anciens compagnons décidèrent de l’ignorer, persuadés
de son échec spirituel. Cependant, à mesure que Bouddha s’approchait, ils
perçurent qu’un grand changement était survenu en lui et ne purent s’empêcher
de l’accueillir avec respect. Le Bouddha leur dit alors qu’il était un tathagatha (celui qui à réalisé la vérité). Les compagnons
acceptèrent de recevoir ses enseignements, ce fut la première prédication du
Bouddha, le sermon de Bénarès. Il commença par leur expliquer l’idée
d’une « voie du milieu », une voie qui évite les deux extrêmes :
vie de plaisirs ou vie d’ascétisme, ainsi que ses premiers enseignements tels
que les Quatre Nobles Vérités. Les cinq anciens compagnons furent donc les
premiers membres de la Sangha. Plus tard le Bouddha effectua une seconde prédication
devant d’autres disciples qui se joignirent à eux au fur et à mesure, et se
constitua un groupe de soixante moines, que le Bouddha chargea d’aller répandre
le Dharma : « Allez, moines, parcourez le pays pour le bien de tous,
pour le bonheur de tous, par compassion pour le monde, pour le bien, la bénédiction,
le bonheur des dieux et des hommes. »
L’enseignement
se propagea ainsi, le Bouddha se faisant deux principaux disciples :
Sariputta, réputé pour sa sagesse et son aptitude à enseigner et Moggallana,
réputé pour ses pouvoirs psychiques nés de la pratique de la méditation.
Cinq années après la première ordination, cédant aux supplications de
Mahapajapati, sa tante et mère adoptive, Bouddha créa un ordre de nonnes.
Lors
de la dernière année de sa vie, Bouddha tomba malade. Ananda, son fidèle
serviteur lui demanda quel serait le sort de la Sangha après sa mort et il répondit
que les membres de la Sangha devraient compter sur leur propre pratique en
prenant pour guide le Dharma. Il précisa qu’après sa mort, la Sangha devrait
prendre comme maître le Dharma et la discipline monastique. Finissant par ne
plus pouvoir marcher, le Bouddha acheva son long voyage dans la ville de
Kusinara, où il s’étendit entre deux arbres. C’était le départ final du
Bouddha pour le nirvana au moment de sa mort. Avant sa mort, il demanda trois
fois à ses disciples s’ils avaient des questions à lui poser, mais aucun
n’osait. Les dernières paroles qu’il prononça, dans le silence de
l’assemblée furent alors : « Tous les phénomènes sont conditionnés
et soumis à la décomposition. Atteignez la perfection grâce à une pratique
diligente ! »
NB : Lorsque l’on parle
du Bouddhisme de manière générale, les termes « Bouddha »,
« le Bouddha », ou encore « le Bouddha historique » font
référence à Siddartha Gautama, considéré comme le Bouddha historique, qui a
révélé les enseignements du Bouddhisme.